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VI

Vendredi, 25 décembre.

C’est un Noël tout à fait dépourvu d’allégresse ; même, est-ce bien Noël ? Nous sommes rentrés hier soir à Nice, et je me souviens d’une rêverie très fugitive et très exquise en passant dans les jardins du Casino ; rêverie faite de pensées dont je me reproche l’accouplement profane ; d’abord les chuchotements timides, ingénus allais-je dire, de l’ombre subtile, puis, après, cette minute d’un mysticisme aigu, devant la mer qui roulait jusqu’à moi dans ses volutes, en rythmes enchanteurs, la mélodie des célestes hautbois du Grand Noël de la Judée. Après encore, c’est, dans une gare banale, la longue attente du train, en regardant les affiches qui bégaient l’étincellement du soleil, la verdure fraîche des végétations au long de la côte d’Azur. Puis le retour à Nice après le rude bercement et les chaos des wagons…

Ce matin est triste à pleurer, gris, froid, morne. Oh ! le pauvre Noël, dans cette église cathédrale quelconque et vide malgré la foule indifférente, sans cohésion, sans piété ! Même dans l’enceinte sacrée, Nice me