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PARTENZA…

sève se gonfle à fleur de peau comme du sang sous les lèvres voluptueuses ; d’autres sont presque noirs dans leur violet écarlate ; les jaunes pâles font songer aux premières étoiles du soir qui naissent de l’or crépusculaire ; les blancs neigeux répandent des senteurs violentes, suaves et troublantes ; des chairs roses se bercent, sensuels, sur leurs tiges frêles ; des panachés résument dans la frisure de leurs pétales les baisers ardents, la ciselure de l’or fin, les veloutés noirs des pourpres ténébreuses et les ivoires fraîchement travaillés. Les violettes se penchent sur les bords de l’osier tressé, l’imprègnent de leur haleine friande qui volète dans l’air, distincte de toutes les autres, douce et pénétrante et reposante comme le demi-deuil charmant et puéril de leurs corolles qui n’osent s’entr’ouvrir. Et c’est, côte à côte, dans chaque corbeille tressée de jonc et d’osier, une pyramide de gemmes délicates ou, si l’on veut, un rire épanoui de petites créatures vivantes et désirables, vêtues de brocarts précieux, de soies changeantes, de velours épais et lourdement drapé, de lin blanc tissé en réseaux imperceptibles par les fées des tièdes nuitées et des aubes adolescentes…

Dans Nice tapageuse et effrontée ce sont précisément les ruelles modestes, les étalages simplets qui séduisent ; et c’est une joie de partir avec, dans les regards, cette saine vision de plein air du marché aux fleurs.


Et maintenant, en route vers l’Italie, en route !