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PARTENZA…

Nous allons entendre bientôt l’incessant refrain qui, chaque jour presque, va nous pousser toujours plus avant dans le Sud et qui, hélas ! aussi nous suivra à notre retour auquel, déjà, je pense tristement quand je ne devrais songer qu’à me réjouir, puisque, à l’extrémité du ruban de fer qui se déroule du côté de Vintimille, j’entends le gai : Partenza !…


Menton s’efface, et c’est Vintimille, avec déjà je ne sais quoi de rudement parfumé, d’étrange, d’une saveur de bazar oriental. Vintimille, d’ailleurs, est très sale et se rapproche en cela des villes de l’extrême Sud. Mais j’adore ce piment bizarre qui demeure pour moi inséparable des souvenirs trop restreints de mes chères promenades dans Séville, dans Ronda et Tanger, adorables malgré leur malpropreté, sensuelles et plaisantes, quand, une fois compris ces haillons qu’il faut savoir aimer, leurs charmes apparaissent souverainement tendres, captivants et irrésistibles, vous retenant tout entier par le délicieux arôme et le ragoût de leurs voluptés…

Nous traversons de jolis villages ; mais le train file, les haltes sont rares ou courtes, et nous perdons de ne point voir les types simples des champs. Quelques beaux visages se sont montrés dont la finesse surprend ici ; des jeunes garçons bruns aux traits réguliers ; des femmes aux cheveux épais et noirs, qui grimacent à cause du soleil et découvrent leurs dents blanches en clignotant leurs yeux perçants ; et les petits enfants, hélas ! naïvement effrontés, apprennent déjà ce métier