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PARTENZA…

roteries chatoyantes comme d’enfantines sucreries.

L’impression est complète, de l’extraordinaire, de l’imprévu tant recherché. Un charme très grand se dégage de cette foule amusée, jeune, semble-t-il, quelque peu sensuelle et folle, allant et venant entre ces maisons énormes qui, toutes, ont des allures de palais avec leurs portes immenses, leurs voûtes hautes éclairées par de majestueuses lanternes aux dimensions invraisemblables, riches de fers ouvrés et dorés, de bronzes ciselés et savamment patinés, tordus en rinceaux, en volutes sur l’éclat des marbres dont se revêtent à profusion les murs des vestibules amples comme des porches d’églises…

Pendant les premières heures de la nuit, le vent se lève et secoue violemment les fenêtres mal ajustées de ma chambre. Une véritable tempête pleure sous les portes, descend par les cheminées en plaintes déchirantes ; et cependant je sens en moi un grand calme qui n’est pas fait seulement de la joie quelque peu égoïste de me sentir abrité, mais aussi de la sérénité des chansons reprises à nouveau, douces et obsédantes, dans le demi-sommeil qui tombe lourd et clôt mes yeux encore éblouis des lumières de tout à l’heure ; et mon premier rêve s’enveloppe dans les vocalises berceuses des bouches roses et tremblantes mêlées aux orgues frissonnantes du vent…