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PARTENZA…

cadencées sur les paroles italiennes pliées aux caprices des habiles chanteurs ; la cantilène berceuse s’achève en langoureux appels d’amour, raisonnables d’abord, exaspérés ensuite en cris mâles et volontaires diminués, éteints, jusque dans un frémissement de passion qui semble traduire le baiser musical de ces jeunes lèvres, l’étreinte harmonieuse de ces jeunes corps…

Autour d’eux la foule passe indifférente. Ils chantent donc pour le seul plaisir. Leur mise simple et soignée indique assez d ailleurs qu’ils n’attendent rien des passants. Je les entends encore plusieurs fois, puis ils vont porter plus loin leurs étonnantes vocalises. Je me souviendrai longtemps de la splendeur de ces chants dans le beau soir de Gènes, de ces voix pures de jeunes hommes et d’enfants dont le timbre surpasse encore en fraîcheur le charme de la voix féminine…

Au coin des rues, des Madones adornées en les dentelles pieuses, les dévotes fleurs artificielles et les ors mystiques et les simplettes fanfreluches, brillent sous les glaces qui les protègent, devant les lampes allumées et les cierges dont les flammes plient sous le vent et font couler d’énormes stalactites de cire blanche sans cesse allongées par les gouttelettes chaudes que pleure la flamme contrariée. Toute la ville paraît franchement heureuse et d’une gaieté tout en dehors, un peu puérile, bellement placée sous les regards des Madones saintes qui font en passant se signer les filles aux beaux yeux noirs. Les chapelles ressemblent aux confettieri et les confettieri sont pareils aux chapelles : feuillages dorés, fleurs rouges et naïves ver-