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PARTENZA…

et aussi les voix solides et profondes des poitrines d’hommes accomplis. L’ombre bleutée contient seulement, ce matin, quelques poussières d’or dans un faisceau de lumière échappé de la reverbération d’un vitrail ; peut-être, ce sont, douces comme un miel ensoleillé, les haleines d’hier soir qui volètent encore et vont mourir, pâmées et finissantes comme le faible écho vibrant en moi des chansons câlines des petits Génois.

Elle est plaisante et remuante la place de l’Annunziata, avec, en face de notre hôtel tout blanc, les belles colonnes de marbre raides sur le portail de l’église. Le ciel semble immense maintenant dans ce grand cadre auquel nous n’étions plus accoutumés déjà, errants par les ruelles étroites. Des palais toujours, avec leurs portes très hautes ; des grillages ouvragés aux balcons et des herses féroces aux larges baies du rez-de-chaussée. La via Balbi déverse continuellement le flot des gens qui vont, passent et reviennent. Des paysannes arrangent sur les marches de l’église de menus étalages de fruits, de légumes et de fleurs qui se colorent de teintes ravissantes au soleil, et embaument de leurs parfums rustiques le vent un peu frais qui souffle par moments.

Oh ! l’éblouissement de ces plafonds, la profusion de ces dorures aux patines incandescentes ! L’église de l’Annunziata nous réservait cette surprise : un amoncellement extraordinaire, une richesse inouïe de sculptures fouillées et refouillées disparaissant sous une coulée d’or qui évoque des largesses de milliar-