de l’autre ; puis des châles dont aucun effilé n’est omis et des gants avec leurs boutons et la saillie des bagues sous le chevreau ; des rubans, des chapelets, des volants de dentelle, des mouchoirs dans les mains entrouvertes, reproduits à merveille, patiemment brodés, cousus, tricotés et frisés dans le marbre ! Mais c’est trop peu en vérité pour émouvoir, que la science maniérée des ouvriers habiles à copier les étoffes jusqu’à en faire des trompe-l’œil, jusqu’à faire se demander en voyant les cassures des soieries, les raideurs des satins, les plis des larges manteaux, si l’on n’est pas en présence de pétrifications d’objets véritables.
De rares envolées de génie ; à peine, très clairsemées, quelques-unes de ces œuvres qui font passer dans les veines le frisson de vie magnifique dont s’anime le marbre même. Le Campo Santo est un musée, moins encore, une exposition de sculptures vieillottes, à cause des costumes trop modernes, à cause des modes dont l’histoire ne s’est pas encore emparée et ne s’emparera jamais, et que l’on trouve ridicules, et qui feraient sourire presque, si la Mort planant sur les tombeaux n’apportait ici l’écrasante majesté de l’humilité qu’elle suggère !
Et les regards s’arrêtent sur les petits monticules de terre d’où s’élèvent les simples croix de bois ; les fleurs jaillissent des pauvres cendres, leurs parfums viennent envelopper les marbres glacés, et sous les corridors poussiéreux et sans lumière, la brise passe, emportant l’incessant murmure des feuillages clairs qui se frôlent, balancés sur les tiges frêles…