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Page:Achim von Arnim - Contes bizarres, Lévy frères, 1856.djvu/102

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à l’impudence des filles et à la vanité du petit, il se fit un tel vacarme que Cornélius voulut sortir ; mais il trouva la porte gardée par le pitre et par le paysan qui voulait lui couper les oreilles…

— Mais comment nos amoureux employaient-ils le temps ?

L’archiduc à peine entré dans sa chambre, écouta à toutes les portes et s’assura que les deux femmes étaient dans une chambre contiguë à la sienne. Il demanda à Cenrio un instrument quelconque pour faire un trou ; Cenrio chercha de tous côtés et finit par trouver un foret qu’un tonnelier avait laissé la veille dans la cour où il avait mis un muid en perce. Le prince perça tout doucement la porte, jusqu’à ce qu’il sentît que le foret traversât ; il agrandit encore le trou pour pouvoir regarder plus facilement. Son cœur battait violemment, sans qu’il sût pourquoi ; mais à peine eut-il approché l’œil de l’ouverture, qu’il recula brusquement ; il avait vu l’image embellie du spectre qui lui était apparu autrefois dans la maison de campagne.

— Cenrio, s’écria-t-il, nous sommes entre les mains de puissants génies ; nous croyons nous jouer d’eux, ce sont eux qui se jouent de nous ; je voudrais m’enfuir, mais je ne le peux pas, elle est si belle !

Cenrio était stupéfait.