Page:Achim von Arnim - Contes bizarres, Lévy frères, 1856.djvu/103

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— C’est le même spectre qui m’a poursuivi dans cette maison de campagne abandonnée, au commencement de l’hiver ; mais maintenant il est devenu humain, et je ne lui veux plus de mal. Trouve-moi un moyen qui me permette de lui parler. Je pourrai lui dire tout.

— Soyez tranquille, répondit Cenrio, j’y ai pensé : nous avons du temps devant nous ; Adrien est occupé dans ce moment à démontrer que l’appendice que j’ai ajouté à Lombard n’est pas authentique. Par surcroît de précaution, j’ai fermé la porte de son antichambre, de sorte qu’il ne pourra nous surprendre. Maintenant, prince, je vais vous proposer mon plan : La jeune fille a mal à la tête, faites-vous passer pour médecin ; vous serez ainsi seul avec elle… et en lui tâtant le pouls, vous deviendrez éloquent.

En effet, Bella était indisposée ; les préparatifs du voyage, une nuit sans sommeil, la chaleur du jour, l’avaient extrêmement fatiguée, et la mère Nietken était venue aussitôt indiquer à Cenrio le plan qu’il proposait au prince.

Le prince eut bien vite endossé une robe noire de médecin, avec tout l’attirail du métier ; il entra en tremblant dans la chambre, conduit par la mère Nietken, qui le présenta comme un docteur espagnol.