Page:Achim von Arnim - Contes bizarres, Lévy frères, 1856.djvu/113

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ma bien-aimée, je devine que vous êtes la fille d’un noble prince, et je ne crois pas tout ce que vous avez cru devoir me dire ; mais je voudrais entendre la vérité de votre bouche, en recueillir l’assurance de votre amour, qui, pour échapper aux odieuses exigences de la politique, allait jusqu’à sacrifier tout l’éclat de votre position. Mais ne craignez rien, je connais mes Hollandais, ils sont jaloux de leurs libertés, et sauront bien défendre la mienne ; et s’il nous faut céder à la force, n’avons-nous pas la mer et ce riche monde qu’on vient de découvrir ?

Bella, qui ne connaissait rien à la politique de l’Europe, sinon que le prince son père n’y avait jamais été respecté, mais toujours poursuivi et proscrit, crut que l’archiduc avait découvert sa naissance, et voulait l’épouser. Elle se plaça devant lui les yeux baissés, puis le regarda et lui dit d’une voix tremblante, qu’elle l’avait trompé une fois, que ç’avait été la première, et que ce serait la dernière ; qu’elle avouait sa naissance, qu’elle avouait l’amour depuis longtemps allumé en elle par le prince et que sa présence venait de raviver.

Elle inclina la tête en rougissant, et l’archiduc allait toucher le bord de ses lèvres lorsque le petit, se remuant sous ses couvertures, cria en se plaignant de