Page:Achim von Arnim - Contes bizarres, Lévy frères, 1856.djvu/112

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courage. Souvent je crois que de méchants enchanteurs s’opposent à ce que je vive de l’existence qui m’est naturelle.

L’archiduc l’écoutait patiemment, en pensant à cette princesse étrangère à laquelle il ne comprenait rien ; il finit par se croire un prince enchanté par une vieille fée, comme on en voyait alors dans les romans espagnols. Cette idée, corroborée par l’apparition dans la maison de campagne, inspira au prince un certain effroi qui l’aurait inévitablement trahi, si le petit avait osé se servir de ses yeux scrutateurs. Enfin, le duc lui dit que le moyen employé par la vénérable dame était excellent ; qu’il fallait se laisser couvrir et envelopper de couvertures afin de chasser, par une abondante transpiration, le germe de la maladie. Malgré les réclamations du petit, qui prétendait être brûlant comme un poêle, la vieille lui entassa couverture sur couverture, l’y enveloppa jusque par-dessus la tête, et, sous le prétexte de préparer quelque chose pour le malade, elle sortit avec Peau-d’Ours.

L’archiduc était encore une fois seul avec Bella ; ils évitèrent de parler du petit ; Bella était encore très confuse, lorsque le prince se jeta à ses genoux en lui disant :

— Je ne crois plus à cet aveu que vous m’avez fait,