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Page:Achim von Arnim - Contes bizarres, Lévy frères, 1856.djvu/118

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facer la première syllabe, ae, de ne laisser que maeth, qui veut dire mort ; aussitôt ils tombent comme un bloc d’argile brisé.

On fit venir le vieux juif, et l’archiduc lui demanda une figure de ce genre représentant Bella, lui promettant de le payer princièrement. Le juif l’avertit qu’il ne fallait pas s’oublier avec ces figures, et que, dans son pays, elles avaient occasionné beaucoup d’accidents. Son cousin, entre autres, avait un golem qu’il employait pour son service journalier ; mais peu à peu il devint si grand, qu’on ne put plus atteindre le front pour effacer l’ae. Il eut alors recours à l’expédient suivant : il lui ordonna de lui retirer ses bottes ; pour exécuter cet ordre, le golem se baissa, et le cousin profita de cette position pour lui effacer l’ae. Malheureusement il avait mal pris ses mesures, toute l’argile tomba sur l’infortuné qui fut écrasé.

L’archiduc lui jura qu’un tel accident ne lui arriverait pas, et qu’il n’avait qu’à s’occuper de faire l’image de Bella exactement ressemblante. Le juif demanda seulement qu’on trouvât moyen de faire passer l’image de Bella dans un miroir enchanté qui en garderait l’empreinte.

Le miroir se trouvait dans la baraque de la lanterne magique, et toute la difficulté était d’y attirer Bella.