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Page:Achim von Arnim - Contes bizarres, Lévy frères, 1856.djvu/117

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terre. Aussi Cornélius y mena-t-il ces dames. Emporté par sa vivacité, il fut bientôt séparé d’elles, et Braka put écouter un peu ce que sa pupille avait à lui dire. Bella lui raconta que l’archiduc voulait l’épouser ; Braka se récria, disant que cela avait son mauvais côté, et qu’il ne fallait pas s’engager là-dedans ; qu’il fallait lui faire entendre hardiment et sans détour qu’elle voulait avoir de lui un enfant qui fît le bonheur de son peuple ; qu’ainsi tout s’arrangerait sans qu’on eût besoin de cérémonies. Bella promit de lui dire tout cela exactement lorsque l’occasion s’en présenterait. La colère du prince allait bientôt lui en donner une. Il avait avoué à Cenrio toute sa jalousie, et ce dernier avait eu aussitôt une excellente idée.

Dans une baraque de lanterne magique, il avait retrouvé un savant, juif polonais qui l’avait beaucoup amusé autrefois par son talent à faire les golems. Les golems sont des figures d’argile, pétries à la ressemblance d’un individu. On leur écrit sur le front le mot aemaeth, c’est-à-dire vérité, qui leur donne la vie ; ils pourraient être employés à toute sorte d’occupation s’ils ne grandissaient avec une telle rapidité qu’ils deviennent bientôt plus forts et plus grands que leur maître. Mais tant qu’on peut atteindre leur front, il est facile de s’en débarrasser ; il suffit pour cela d’ef-