Page:Achim von Arnim - Contes bizarres, Lévy frères, 1856.djvu/122

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Bella, lui donnèrent chacun un baiser, et la mirent au bras du petit qui, ayant assez vu la lanterne magique, rentra à la maison avec sa Bella, à travers une foule de promeneurs et de paysans ivres qui se querellaient.

Ni Braka, ni Cornélius ne s’étaient aperçus du changement. Ils soupèrent tous trois en silence, ce qui était bien naturel après tous les événements extraordinaires d’une telle journée. Ils finissaient leur repas lorsqu’arriva Peau-d’Ours, le visage tout égratigné :

— C’est cette infernale vieille qui m’a mis dans cet état ; l’ivrogne avait jeté le grappin sur moi, et elle n’a pas voulu me lâcher que je n’aie reçu ses confidences. Elle m’a découvert que le duc devait avoir quelques vues sur notre jeune demoiselle, car il avait demandé des renseignements sur elle avec beaucoup de soin.

Bella Golem, qui ne savait rien des pensées que l’autre Bella avait eues depuis qu’elle s’était regardée dans le miroir, cria tout haut :

— Comme je serais contente s’il pouvait me donner un enfant qui mît mon peuple en liberté !

Braka fut atterrée de cette exclamation intempestive ; Cornélius sauta vers elle comme un furieux.

— Tu l’aimes donc, Bella ? lui dit-il.