Page:Achim von Arnim - Contes bizarres, Lévy frères, 1856.djvu/125

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et de trouver à n’importe quel prix un cocher qui les conduisît à la plus proche paroisse, car il était trop tard pour trouver à Buick un prêtre pour les bénir. Peau-d’Ours, très content de s’en aller et d’échapper à l’ivrognerie de l’hôtesse, fit tout avec le plus grand zèle et la plus louable discrétion.

La voiture étant à la porte, ils montèrent tous dedans, sans que la mère Nietken y comprît rien. Pour éviter ses cris insupportables, on lui jeta le triple du prix qu’elle exigeait.

Cette étrange compagnie, composée d’une vieille sorcière, d’un mort qui se conduisait comme s’il était vivant, d’une jeune beauté en terre glaise, et d’un jeune homme taillé dans une racine ; tout cela en bonne intelligence, se livrait à d’importantes réflexions sur le bonheur de la vie qu’ils allaient mener, sur leurs trésors, leurs exploits, et Peau-d’Ours pensait aux gratifications extraordinaires qu’il recevrait à l’occasion de cette solennité.

Souvent, pendant une nuit d’orage, il arrive que dans un parterre deux fleurs, éloignées d’habitude, sont rapprochées par le vent, joignent leurs calices, et s’accouplent sans se connaître, jusqu’à ce que la clarté de la lune leur laisse voir leur erreur ; de même dans une muette jouissance, les illusions chantent