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Page:Achim von Arnim - Contes bizarres, Lévy frères, 1856.djvu/126

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toute la nuit, jusqu’à ce que le matin les oiseaux viennent les faire envoler. L’archiduc voulait se venger de la trahison qu’elle avait faite à son amour, et restait sourd aux inquiétudes de Bella, qui ne savait pas ce qui allait lui arriver. Il l’avait transportée sans bruit dans sa propre chambre sur son lit. Tous deux étaient endormis lorsqu’ils furent réveillés par le psaume : De profondis clamavi ad te, Domine ; Domine, exaudi vocem meam, chanté dans l’église voisine. Les sociétés qui, n’ayant pas trouvé de place dans les maisons, étaient restées dans la rue, joignirent leurs voix à celles des prêtres. C’était une claire nuit d’été ; tous deux coururent à la fenêtre. Bella sortit alors de son espèce d’ivresse.

— Grand Dieu ! la nuit est déjà bien avancée, comment vais-je faire pour me coucher ? où suis-je ? que m’est-il arrivé ? que vais-je devenir ?

L’archiduc en était trop amoureux, sa joie était trop neuve pour avoir la cruauté de l’affliger, en lui rappelant sa fausseté.

— Maintenant tu resteras toujours avec moi, lui dit-il ; nous ne nous quitterons pas ; pas plus que l’âme ne quitte le corps.

— Serait-ce vrai ? dit naïvement Bella, comme j’en serais heureuse.