Page:Achim von Arnim - Contes bizarres, Lévy frères, 1856.djvu/129

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lui, il me les retirera ; pourras-tu te charger de moi ?

L’archiduc laissa couler une larme.

— Chère enfant, la rigueur de mes parents me rend bien misérable ; ma folle passion pour les chevaux m’a gravement endetté, et mes précepteurs n’osent plus me laisser d’argent que ce dont j’ai exactement besoin ; mais pour toi j’en trouverai bien, dussé-je mettre en gage ma royauté à venir.

Bella le baisa sur les yeux, et lui dit qu’elle ne lui demandait cela que pour obéir à sa tante, qui s’inquiétait beaucoup de son avenir ; mais que, dans son cœur, elle détestait la manière de vivre qu’on lui faisait suivre à Gand, et qu’elle était lasse de passer toutes les heures de sa journée à des occupations fastidieuses.

— Qu’ai-je besoin de parler latin et espagnol ? À quoi me servira-t-il d’apprendre : amo-j’aime, amas-tu aimes ? que je sache seulement dire que je t’aime, et que tu m’aimes !

Ils s’embrassaient tendrement, lorsque la voix de Cenrio vint les troubler ; il leur criait qu’Adrien voulait s’en aller, parce qu’il venait de découvrir un événement extraordinaire dans le système sidéral.

Au même moment le prince entendit tousser Adrien ; il poussa aussitôt Bella dans la chambre voisine, où l’on avait précédemment déposé le petit, et