Page:Achim von Arnim - Contes bizarres, Lévy frères, 1856.djvu/128

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livrer à moi dans le seul but d’avoir une place pour lui ? Maintenant que je te vois si belle, si pure, je voudrais pouvoir accuser mes oreilles de mensonges ; mais je l’ai entendu, lorsque je l’épiais à travers la porte ; dans ce moment, j’aurais voulu me venger, et maintenant je t’avoue ma colère.

Bella sourit de ses soupçons, et lui raconta tout naturellement comme Braka l’avait poussée à faire quelques concessions à l’humeur étrange du petit ; puis elle lui avoua, sous la promesse du secret, la mystérieuse origine de ce dernier.

L’archiduc, que ces aventures avaient transporté de son existence habituelle et tranquille, dans toutes les étrangetés d’un bonheur mystérieux, tomba dans une profonde rêverie ; il pensait que chaque mot, chaque pas qu’il allait faire, avait son importance. Il possédait un grand secret, qu’il voulait garder, et dont il ne trouvait personne assez digne, pas même Cenrio. Puis, il s’occupa sérieusement de trouver un moyen d’emmener Bella.

— N’es-tu donc pas heureux comme moi, lui dit-elle ? Tout me paraît étonnant, et je ne sais comment tout cela est arrivé ! Mais je réfléchis que le petit sera furieux, lorsqu’il s’apercevra que je me suis donnée toute entière à toi ; tous mes biens me viennent de