Aller au contenu

Page:Achim von Arnim - Contes bizarres, Lévy frères, 1856.djvu/145

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Kyrios, kyrios, dit Adrien ; mais comment s’appelle ton père ?

— Ah ! mon pauvre père, s’il avait su !

— Kyrios, kyrios, reprit Adrien ; allons, rassure-toi, je ne veux pas savoir tes secrets.

— Mais l’archiduc ne va-t-il pas venir ? dit Bella.

— Kyrios, kyrios, tu as raison, je te conduirai près de lui, mais cela ne presse pas.

— Eh ! mon cher seigneur, dit Bella d’un air aimable, menez-moi de suite, cela lui fera certainement plaisir, je l’aime tant.

— L’étonnante fille, se dit Adrien, elle me fait le messager de son amour… Et qui sait si cet amour n’attachera pas l’âme légère de notre prince ; il ne va bientôt plus nous être possible de l’éloigner des femmes ; elles s’efforceront toutes de l’entraîner dans la mauvaise voie, tandis que celle-ci me paraît jeune et encore innocente.

— Que dites-vous donc ainsi à part, mon cher seigneur ? demanda Bella.

— Je vais te conduire bientôt chez l’archiduc ; mais attends encore un peu, tu es fatiguée, repose-toi sur mon lit, et dis-moi avec confiance d’où tu viens, je garderai fidèlement le secret.

Bella ne put s’empêcher de lui ouvrir son âme ; elle