Page:Achim von Arnim - Contes bizarres, Lévy frères, 1856.djvu/152

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la paresse, où la vertu, semblable à un navire perdu dans une mer sans fond, ne peut pas jeter l’ancre et finit par s’engloutir. Le soir il n’avait pas voulu le déranger, parce qu’avant minuit les heures de sommeil sont sacrées, et une de ces heures vaut mieux pour le repos du corps et pour l’esprit que deux après ; mais ronfler quand le soleil lui donnait dans le nez était tout à fait inconvenant ; il parla ainsi pendant une heure et sa réprimande rendormit le prince encore plus profondément ; de sorte que le vieux précepteur découragé l’abandonna, et se consola en démontrant à Cenrio que ce prétendu ouvrage de Pierre Lombard, qu’il avait découvert à Buick, était ou supposé ou fait par l’auteur à une époque à laquelle son génie et ses connaissances l’avaient abandonné.

Cenrio fit l’étonné, mais intérieurement il riait de voir qu’une vieille paperasse avait coûté tant de travail à ce savant homme. Il l’interrogea sur l’extraordinaire conjonction qu’il avait observée à Buick, sur quoi Adrien lui assura qu’un puissant conquérant devait être apparu dans l’Orient ; mais où, il ne pouvait pas le préciser.

Cenrio faisait semblant de l’écouter, mais il pensait à tout autre chose ; il avait dans la tête plusieurs événements dont il ne pouvait pas trouver la rime ; peut-