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Page:Achim von Arnim - Contes bizarres, Lévy frères, 1856.djvu/153

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être parce que le sort n’y avait mis que des assonances ; par exemple, il n’avait pu deviner ce qu’était devenu Bella Golem ; il ne savait pas non plus comment la vraie Bella avait rejoint la vieille Braka, qui l’avait laissée à Buick entre les bras de l’archiduc, toutes choses qu’il n’avait pas eu le temps d’approfondir avec le prince.

Lorsque le vieillard eut quitté la chambre en disant : Kyrios, kyrios, je donnerais bien quelque chose pour découvrir, ce conquérant, Cenrio soumit au prince les questions qu’il s’était adressées à lui-même.

L’archiduc n’était pas moins inquiet ; car au milieu de son bonheur il lui semblait que la Bella qu’il avait rêvée n’était pas celle qu’il venait de voir.

— C’est certainement celle que j’aime qui est perdue, disait-il, celle qui, au seuil de ma vie, m’est apparue comme une aurore passagère, au milieu d’un nuage divin ; ce que j’ai pressé dans mes bras, ce n’est que son imitation terrestre, qui satisfaisait avec moi ses appétits grossiers, et dont mon cœur a maintenant horreur. Que je devienne un pauvre pèlerin, que je parcoure la terre en redisant mon malheur à tous les vents, et en cherchant partout celle à qui j’appartiens pour toujours ; et si je ne la trouve pas, que je me réfugie dans la solitude et la paix d’un monastère : Cen-