Page:Achim von Arnim - Contes bizarres, Lévy frères, 1856.djvu/171

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— Nous ne voulons pas juger, dit Charles, mais seulement donner des preuves ; et voici qui va vous montrer sa ruse cléricale !

À ces mots, il fit entendre un signal convenu, et Bella entra dans la salle avec la livrée du cardinal. Le cardinal rougit aussitôt visiblement ; les autres personnages ne comprenaient pas ce que cela signifiait, jusqu’à ce que l’archiduc demandât à Adrien de lui dire en conscience si c’était bien là son domestique ; si c’était un garçon, si au contraire il n’était pas sûr que ce fût une fille, si, enfin, cette fille n’avait pas couché dans son lit.

Adrien avait tellement perdu toute assurance, qu’il ne put prononcer un mot. Toutes les arguties qu’il avait employées dans sa vie ne vinrent pas l’aider à se défendre ; enfin il dit qu’il n’avait rien à répondre, que c’était un complot monté contre lui, et qu’il serait bientôt vengé.

L’archiduc et Bella ne voulurent pas jouir plus longtemps de son embarras. Il prit Bella dans ses bras, et réhabilita le pauvre Adrien aux yeux de l’assemblée, en disant que c’était lui-même qui avait amené cette jeune fille et l’avait mise au service du cardinal pour l’avoir plus près de lui.

Adrien respira après ces paroles, et les conseillers