Page:Achim von Arnim - Contes bizarres, Lévy frères, 1856.djvu/172

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vantèrent l’habileté précoce du jeune prince. Chièvres, qui, le croyant encore fort maladroit, l’aurait volontiers laissé faire la cour à sa femme pour le tenir plus facilement en son pouvoir, assura que dorénavant il se garderait bien de le laisser seul avec elle.

L’archiduc dit à Bella d’aller trouver madame de Chièvres, qui habitait au château, de se faire donner les plus beaux habits et de revenir avec elle au conseil où il avait encore quelques papiers à signer pour le départ d’Adrien. Ces papiers à expédier n’étaient qu’un prétexte pour gagner du temps.

Des désirs opposés se partageaient l’esprit de l’archiduc. Il se demandait ce qu’il devait à l’amour, ce qu’il devait à sa position ; s’il pouvait épouser une duchesse d’Égypte, et si cela n’apporterait pas le trouble sur son trône.

Il n’avait pas encore terminé cette délibération intérieure, lorsque Bella, vêtue d’une robe de brocard d’argent parsemée de fleurs rouges, une petite couronne de duchesse sur la tête, entra dans la salle avec madame de Chièvres. Tous restèrent étonnés à la vue de son noble maintien, au point que Sauvage et de Croï se dirent à l’oreille que ce devait être quelque princesse que Charles avait résolu d’épouser.

Charles s’inclina devant elle, la fit asseoir sur le