Page:Achim von Arnim - Contes bizarres, Lévy frères, 1856.djvu/200

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« Isabelle, la célèbre reine, manda son fils Selrahc qu’elle avait eu de Charles, selon la prédiction d’Adrien, son capitaine Sleipner qu’elle avait trouvé simple écolier à Gand, ainsi que tous les seigneurs et chefs du peuple à l’entrée de la grande pyramide, près des sources du Nil, où elle s’était fait faire un tombeau.

« C’était le 20 août 1558, le jour même où son bien-aimé Charles assistait vivant, les yeux ouverts, à ses propres funérailles. Elle déclara en prenant congé de tous, en montrant le ciel à l’inconsolable Sleipner, et en pressant son fils sur son cœur, elle déclara qu’elle se sentait trop malade et trop infirme, pour conserver plus longtemps le pouvoir, et que, maintenant qu’elle cessait de régner et qu’elle allait en même temps quitter le monde, son plus vif désir, sa dernière prière était qu’on n’attendît pas qu’elle fût réellement morte pour la soumettre à la sainte et ancienne coutume du jugement des morts, mais que, pendant qu’elle serait étendue dans son cercueil, elle désirait que chacun vînt donner son avis sur elle et sur sa conduite, en jurant de dire la vérité.

« Ni les supplications, ni les pleurs ne purent la détourner de cette résolution ; alors on prêta serment. La reine, au milieu des gémissements de tout son