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Page:Achim von Arnim - Contes bizarres, Lévy frères, 1856.djvu/201

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peuple, s’étendit dans sa bière, et chacun selon son rang, comme c’était la coutume, passa devant elle, et fit insérer au livre royal son opinion bien méditée et rédigée d’une manière intelligible. »

Le prêtre qui m’a donné tous ces détails me lut comment les choses s’étaient passées, et comment elle mourut paisiblement pendant son jugement. C’était sur un vieux parchemin ; j’ai essayé de le traduire en notre langue. En plusieurs endroits la copia verborum m’a manqué ; aussi dois-je le porter au professeur Uhsen, qui me le reverra et me le corrigera.

« Pendant le jugement, elle tomba dans une douce contemplation. À travers les brouillards qui couvraient encore ce pays créé par elle, elle entrevit les jardins enchantés de son peuple ! Les enfants jouaient en toute sécurité ; les fontaines coulaient, là où autrefois le crocodile venait se chauffer au soleil sur un sable brûlant ; des oiseaux rouges et bleus chantaient où autrefois on n’entendait que le sifflement des serpents. Plus loin elle vit la verte prairie émaillée de fleurs ; les agneaux se promenaient lentement à travers les touffes d’herbes, en faisant résonner leurs clochettes, là où autrefois la mort saisissait tout être vivant qui s’aventurait sur les marais sans fond. Elle voyait couler le FLEUVE, le fleuve des fleuves, qui