Page:Achim von Arnim - Contes bizarres, Lévy frères, 1856.djvu/205

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.



MARIE MELÜCK-BLAINVILLE




À la hauteur de Toulon, un observateur bien placé aurait pu voir un vaisseau turc échappant à la poursuite d’une galère Maltaise, à la faveur d’un coup de vent inespéré. Furieux de n’avoir pu en venir aux mains, les deux équipages déposèrent leurs armes et ne s’en injurièrent que plus violemment. Chacun paraissait savoir juste assez de la langue de l’autre pour lui envoyer les plus outrageantes invectives. Les jeunes Maltais avaient compté faire leurs preuves contre ce vaisseau : quoique fatigués de la vie de mer, ils ne pouvaient rentrer chez eux sans ramener du butin et des prisonniers ; ils l’avaient juré avant de partir. Cette fois, la prise leur avait échappé comme par mi-