Page:Achim von Arnim - Contes bizarres, Lévy frères, 1856.djvu/250

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Je ne vous demande pas de me faire vivre une heure de plus, car vous ne pourriez pas prolonger mon existence d’une minute ; mais je vous en supplie, préservez ce château de l’incendie, et sauvez une pauvre mère qui est enfermée dans le grenier, pressée entre les bras de la mort.

Elle venait à peine de finir, et Frenel se préparait à la sauver à son propre risque, lorsque Saint-Luc, rendu encore plus furieux par son écrasant mépris, lui enfonça son couteau dans le dos, et l’étendit morte à ses pieds.

Frenel vit, mais trop tard, une de ses prédictions accomplies. Il aurait tout fait pour la faire vivre encore une heure, et il n’avait pu lui donner un seul instant ; il voulait la venger sur son bourreau, lorsqu’un nouveau malheur détourna son attention. Au moment où Melück recevait le coup mortel, le comte tombait mort, sans blessure apparente.

Les prédictions de Melück continuaient à se réaliser : elle avait dit que leurs deux existences étaient inséparablement unies, et qu’il ne pourrait vivre que par elle. Ce nouvel événement fit réfléchir Frenel aux dernières paroles de Melück. Il réunit quelques-uns des principaux habitants du village, et leur ordonna, au nom du peuple, de considérer ce château comme