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Page:Achim von Arnim - Contes bizarres, Lévy frères, 1856.djvu/26

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lui faire savoir qu’elle désirait entrer ; Bella quitta son livre avec dépit, et lorsque la vieille se présenta, elle resta silencieuse devant elle ; alors Braka, appliquant ses deux mains sur les pages du livre, lui dit :

— Maintenant, plus d’amitiés, plus de baisers ! lorsque les enfants sont petits, ils ne croient jamais être assez reconnaissants du moindre service ; mais aussitôt qu’ils commencent à grandir, ils n’ont plus d’oreille pour tout le bien qu’on leur fait. Tu n’auras pas de gâteau aujourd’hui si tu ne me le demandes pas comme il faut ; j’ai passé une demi-heure chez le boulanger pour l’avoir ; il devait aller chez le prince, et a fait attendre toutes ses pratiques.

— Même quand je ne t’en demande point, tu n’as pas de repos que je n’aie mangé de ton gâteau : donne-le donc et ne sois plus méchante comme cela. J’ai examiné aujourd’hui les livres de mon père, et j’y ai trouvé de si belles histoires, si belles et si merveilleuses, que cela me donnerait envie d’être revenant.

La vieille regarda dans le livre.

— C’est étonnant, dit-elle, que moi qui suis si vieille je ne sache pas lire, et toi qui n’as pas encore vécu, tu lises si bien et si couramment. Main-