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Page:Achim von Arnim - Contes bizarres, Lévy frères, 1856.djvu/279

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Il prit sa flûte, espérant que la musique le calmerait.

Enfin il faisait jour ; les hautes silhouettes des maisons se dessinaient sur un ciel pur, les servantes, légèrement chaussées, comme si elles étaient sûres du beau temps, couraient gaiement, en sautillant sur les pavés les plus secs.

Les hirondelles se croisaient en tous sens pour venir chercher le précieux mortier que leur avait gâché la pluie de la veille, et en remplissaient les fissures des maisons. Sur la fenêtre qui donnait du côté d’Esther, deux de ces gais oiseaux étaient venus se poser, et s’apprêtaient à construire leur nid juste au seul endroit d’où il pouvait apercevoir la jeune fille. L’héritier du Majorat ne savait s’il devait les chasser ou leur laisser faire une chose qui devait contrarier ses projets. La bonté de son cœur lui conseilla l’indulgence.

Maintenant qu’Esther lui était cachée, et ne pouvant plus admirer cette chère créature, épier ses occupations, ses amusements, il s’intéressa au nid que bâtissaient les hirondelles, comme s’il eût été lui-même l’architecte, et comme si son bonheur eût dépendu de sa bonne construction ; et avant de se coucher il prit sa mandoline et chanta :