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Page:Achim von Arnim - Contes bizarres, Lévy frères, 1856.djvu/280

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Le soleil éclaire le mur,
L’hirondelle y bâtit son nid.
Ô soleil ! brille toute la journée
Afin qu’elle puisse bien le bâtir !
Bien souvent son nid a été détruit
Avant d’être achevé.
Et cependant elle bâtit toujours, l’insensée.
Le soleil est si brillant !

Combien charmante et folle est la pensée
Qui se construit cette maison ;
Il n’y a pas d’avantage à voler haut ;
Celui qui du haut des airs regarde au loin
N’en marche pas moins vers l’éternité.
Il ne commande pas au temps,
Et il est du bonheur
Séparé de toute l’immensité du ciel.


Le soir, lorsqu’il se réveilla, il trouva un bon souper, et le cousin devant la table, qui lui fit part d’une agréable surprise qu’il lui avait préparée. Il le conduisit dans la chambre latérale d’où il pouvait observer la rue. L’héritier du Majorat la trouva garnie d’un sofa, de chaises, d’armoires et de tables ; on avait nettoyé la fenêtre, mais, hélas ! on avait fait partir les hirondelles.

— On a chassé mes bons anges sauveurs, pensa l’héritier du Majorat ; il faut donc que je voie mon ange de mort ; il faut que j’accomplisse réellement ce que mon rêve a fait passer devant mes yeux ; car voilà