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Page:Achim von Arnim - Contes bizarres, Lévy frères, 1856.djvu/28

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— Écoute, mon enfant ; il ne peut passer la nuit que dans la grande chambre noire, sur laquelle donne le cabinet secret de ton père, car toutes les autres ont plusieurs entrées, ce qui serait moins sûr pour lui, et de plus c’est la seule où il y ait un lit. Maintenant, suppose-le bien tranquille et bien endormi ; tu te glisses hors du cabinet, et tu te places à côté de lui dans le lit ; je te jure qu’il se sauvera bien vite de frayeur, et qu’il ne reviendra plus. Mais si par hasard il ne s’effrayait pas, et qu’il te retînt, il ne t’en coûtera qu’un mensonge ; tu diras que c’est l’amour qui t’a poussée à te glisser ainsi auprès de lui, et qu’il peut faire ton bonheur.

— Oui, dit Bella en continuant de lire, tu as une bonne idée.

— Mais dis-moi donc où tu as trouvé ce maudit livre ; lorsque je te parle des choses les plus importantes, tu ne penses qu’à ton livre.

— Je l’ai trouvé dans la chambre de mon père, dit Bella ; il y en a encore plusieurs, prends-en un aussi.

— Puisque tu le permets, répondit la vieille, je vais y entrer ; je n’ai jamais osé y aller du vivant de ton père.

— Va, dit Bella, tu ne trouveras pas grand’chose.

La vieille se dirigea vers le cabinet avec une curio-