Page:Achim von Arnim - Contes bizarres, Lévy frères, 1856.djvu/305

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son loup et sa robe de bal, prit des castagnettes, et dansa avec tant d’expression que toutes les pensées de l’héritier du Majorat firent place au ravissement.

Elle venait de recevoir les compliments de tous les assistants, et reprenait haleine, lorsqu’elle aperçut avec effroi entrer un petit homme. L’héritier du Majorat qui l’avait entendu nommer par Esther, le vit saluer les invités ; son déguisement était tout déguenillé.

— Dieu ! dit-elle, c’est mon pauvre fiancé qui vient essayer de gagner de l’argent en faisant ses tours de passe-passe.

Le pauvre masque plaça au milieu de la chambre une petite table et une chaise, offrit de montrer quelques tours d’adresse, et fit passer un plat pour la quête ; puis il ouvrit la séance par d’adroits tours de cartes. Ensuite il escamota des gobelets, des bagues, des bourses, et autres tours du même genre, qui firent fort plaisir à la société. Cela fini, il ôta son domino et se montra vêtu d’un habit blanc très-léger, sans toutefois quitter son masque, et annonça qu’il allait faire, avec son propre corps, des tours de force admirables ; il se mit sur le ventre et commença à tourner comme un hanneton embroché. Mais Esther, en le voyant faire toutes ces contorsions, fut prise d’un tel