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Page:Achim von Arnim - Contes bizarres, Lévy frères, 1856.djvu/313

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réveillé par le coup de pistolet qui se fit entendre à l’heure accoutumée. Presqu’en même temps la vieille gouvernante entra, et, le trouvant éveillé, lui demanda s’il ne voulait pas voir par la fenêtre une fiancée juive.

— Qui va se marier ? demanda-t-il.

— La belle Esther avec son fiancé qui est revenu hier.

Heureusement l’héritier du Majorat s’était seulement étendu sur son sopha sans se déshabiller, car il n’avait pas de temps à perdre. Il courut précipitamment à la fenêtre de derrière d’où il avait vu le cimetière et les animaux furieux. Les longues ombres des maisons entrecoupées des dernières clartés du soleil couchant rayaient la verte pelouse voisine du cimetière qu’entourait une nuée d’enfants. La mélodie de la musique rappelait le rythme oriental. Un riche dais brodé était porté par quatre enfants en tête du cortége ; les assistants exprimaient leur joie de la manière la plus étrange ; les uns imitaient le chant du rossignol et de la caille ; les autres se pinçaient et se déchiraient le visage réciproquement ; d’autres enfin, avec mainte contorsion, allaient saluer le fiancé qui avait la tête couverte d’un drap noir comme un ramoneur, et qui arriva entouré d’une foule d’hommes qui le félicitaient. On commen-