Page:Achim von Arnim - Contes bizarres, Lévy frères, 1856.djvu/41

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hait : les voisins étaient tous à la ville, la nuit était obscure, et le vent balayait sur la terre durcie les premiers flocons de neige. Bella relut encore une fois le livre d’enchantements, son cœur battait violemment.

Dans ce moment le chien noir se mit à déchirer la poupée à laquelle Bella avait donné le costume du prince ; cela devait décider du sort de l’entreprise. Elle voulut punir cette insulte faite à son bien-aimé ; détachant la corde tressée de ses cheveux, que jusque-là, pour ne pas éveiller les soupçons de la vieille, elle avait gardée sur sa tête, elle frappa le chien. Celui-ci voulant sortir, se dirigea vers la porte ; elle l’ouvrit, et tous deux se trouvèrent transportés dans le monde mystérieux et bizarre des enchantements : ils suivirent d’abord un chemin qu’ils ne connaissaient pas, en se dirigeant, toutefois, du côté où ils supposaient trouver la montagne où se dressait l’échafaud. Il n’y avait pas un homme sur cette route ; seulement plusieurs chiens vinrent à grand bruit vers la porte du jardin et coururent sur le noir Simson ; mais au moment où ces philistins s’approchaient de lui, il les fixa en leur montrant ses grosses dents, si bien que tous, jusqu’au plus petit, s’enfuirent effrayés, la queue repliée entre les jambes, et se réfugièrent derrière la porte en poussant des cris pitoyables.