Page:Achim von Arnim - Contes bizarres, Lévy frères, 1856.djvu/42

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Au même instant deux porcs-épics, leurs dards garnis de pommes et de poires qu’ils avaient ramassées dans le jardin, traversèrent la route ; mais à l’aspect du chien, ils se formèrent en boule et celui-ci se contenta de leur prendre leur butin et de s’en régaler. Bella ne s’effraya pas de tout cela, mais une chose lui paraissait extraordinaire : soit qu’elle s’arrêtât, soit qu’elle s’avançât vers la montagne, elle sentait quelqu’un marcher derrière elle, et si près d’elle, que souvent le mystérieux personnage touchait, avec la pointe de son pied, le talon de la jeune fille ; elle n’osait pas regarder derrière elle, et marchait toujours plus vite, jusqu’à ce qu’un coup violent appliqué sur sa tête la renversa à terre. Elle n’avait été qu’étourdie, elle se releva et prit courage : tout était silencieux. Elle regarda autour d’elle, et ne vit personne ; mais elle s’aperçut qu’elle s’était heurtée contre une barrière ; ce qui avait suivi ses pas si exactement n’était qu’une branche de pin qui s’était attachée à sa robe. Elle rit elle-même de sa peur, et résolut d’être maintenant plus raisonnable ; elle avait déjà oublié cet incident lorsqu’une troupe de chevaux, attachés deux à deux, vinrent caracoler devant elle, puis s’enfoncèrent en courant dans le taillis qui bordait la route.