Page:Achim von Arnim - Contes bizarres, Lévy frères, 1856.djvu/67

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oublié de vous dire que le génie le lui avait ainsi ordonné, et retourna en Allemagne pour attendre dans les Grisons la fin de sa septième année. Après cela, il alla aux eaux de Bade, où il resta six mois pour se laver ; on cassa une douzaine de rasoirs avant de pouvoir entamer sa barbe et ses cheveux. Lorsque cette toilette fut finie, il s’acheta les plus riches vêtements, et repartit vers sa bien-aimée.

Mais pendant l’intervalle celle-ci avait pris la figure que le génie avait autrefois donnée à Présent ; elle était très belle, mais toujours triste, parce qu’elle avait peur de son fiancé, et qu’elle était constamment raillée par ses sœurs qui n’étaient pas mariées.

Un jour un grand bruit de trompettes attira les trois sœurs à la fenêtre ; c’était un beau chevalier étranger qui entrait dans la ville suivi d’une foule de domestiques ; les deux sœurs aînées se le souhaitèrent aussitôt pour époux, et, ô merveille, le chevalier s’arrêta devant la maison, et fit demander la permission de leur rendre visite, ce qu’elles accordèrent avec empressement. Il se donna pour un de leurs parents éloignés qui désirait épouser une d’elles, et voulait leur présenter ses hommages en leur offrant quelques cadeaux.

Les deux aînées prirent les présents avec avidité,