Page:Achim von Arnim - Contes bizarres, Lévy frères, 1856.djvu/69

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n’en as qu’une. Adieu, vis heureux et garde bien ton trésor.

— Mais, dit Cornélius, pourquoi les deux sœurs furent-elles si furieuses qu’ils aient été se coucher ?

— Parce qu’ils allaient se marier, répondit Braka.

— Qu’est-ce donc que se marier ? demanda le petit.

— Tu ne peux pas le comprendre, dit la vieille.

Et le petit s’apprêtait à se retourner pour lire dans la pensée de Braka au moyen de ses yeux de derrière, lorsque tout à coup il poussa un cri effroyable, et, sautant sous la table, alla se réfugier dans la robe rapiécée de la vieille.

— Qu’est-ce qui te fait peur, dit Braka ?

Elle n’avait pas plus tôt dirigé sa vue du côté où Cornélius avait regardé, qu’elle sauta en criant sur la cassette ; Bella se cacha la tête dans ses mains, sans oser lever les yeux.

— Les hommes vivants, dit une voix rauque, sont bien fous, ils écoutent avec grand plaisir mon histoire, et ils ont peur quand ils me voient ! Revenez de votre effroi, sinon je crie si fort que les poutres de la maison vont vous tomber sur la tête.

— Allons, dit Cornélius toujours caché sous la robe de la vieille, que veut Peau-d’Ours ? je l’écoute.