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Page:Achim von Arnim - Contes bizarres, Lévy frères, 1856.djvu/81

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Peau-d’Ours, sans lui répondre, lui donna un violent soufflet, qui la dégrisa complètement : elle demanda enfin ce qu’on désirait. Braka lui expliqua qu’il leur fallait de beaux vêtements, et qu’ils voulaient le lendemain matin prendre son meilleur carrosse pour aller à Gand, où ils loueraient un bel hôtel.

La mère Nietken voyant qu’il y avait quelque chose à gagner dans cette affaire, alla réveiller aussitôt son monde et parcourut toute la maison pour chercher ce qu’il y avait de plus beau. Elle revint les bras chargés de vêtements de tous genres ; ils firent leur choix et en remplirent deux coffres ; pour le linge, il était moins abondant, car les Hollandais vendent bien leurs habits, mais ils gardent leur linge jusqu’à la dernière extrémité. Ensuite on s’occupa de la toilette ; la mère Nietken alla chercher un brasier et des fers pour les friser à la dernière mode. Bella eut beau lui montrer que ses cheveux frisaient naturellement, ce n’était pas assez bien au goût de la vieille, et la pauvre enfant se crut entre les griffes du diable, lorsqu’elle sentit ses cheveux grésiller sous l’action du fer chaud. Les cheveux de derrière de Bella, quoique récemment coupés, étaient assez longs pour la mode du jour. L’air noble de la jeune fille inspirait un certain respect à la mère Nietken ; Braka elle-même, lorsqu’elle fut