Page:Achim von Arnim - Contes bizarres, Lévy frères, 1856.djvu/88

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raconter une foule d’histoires pour prouver l’innocence de Bella, histoires qui étaient toutes vraies, mais qu’on ne crut pas, parce qu’on ne connaissait pas sa naissance et sa nature extraordinaires. Enfin il donna à entendre qu’il allait l’épouser.

L’archiduc en ressentit presque un mouvement de jalousie ; mais comme il savait dissimuler, il essaya en le plaisantant de le décider à paraître une fois en public avec sa fiancée ; il lui indiqua même comme un jour convenable la kermesse de Buick, qui était fréquentée par les Gantois les plus distingués. Cornélius donna dans le piège et choisit pour rendez-vous la maison de la Nietken. Après s’être promis d’être exacts, ils se séparèrent.

L’archiduc, qui n’avait jamais connu une fille, surtout semblable à celle que lui avait décrite Cornélius, éprouvait un sentiment irrésistible qui lui aurait fait aimer la douceur et l’innocence de Bella, même quand elle n’aurait pas eu sa beauté, qui se perfectionnait de jour en jour. Il demanda à Cenrio, qui avait acquis sa confiance en sacrifiant souvent ses devoirs aux fantaisies du prince, comment il pourrait éviter la sévère surveillance d’Adrien d’Utrecht, son premier précepteur. Cenrio inventa le moyen suivant :