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Page:Achim von Arnim - Contes bizarres, Lévy frères, 1856.djvu/89

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Il préparerait un vieux livre sur lequel il mettrait un faux titre. Il le ferait passer aux yeux d’Adrien pour les sentences de Pierre Lombard, sur lequel il faisait un commentaire, et lui dirait que ce livre était à vendre chez la Nietken ; il se chargeait de le lui faire chercher jusqu’à ce que l’archiduc eût accompli son projet.

L’archiduc fut très content de l’expédient. Rien ne fait plus de plaisir à un jeune prince que lorsqu’il peut tromper les gens prudents qui le surveillent pour satisfaire plus librement ses passions.

Lorsque l’enthousiasme de Cornélius pour les honneurs dont il avait été l’objet chez l’archiduc fut dissipé en même temps que la fumée du vin qui obscurcissait sa petite tête, il se rappela la conversation qu’il avait eue avec lui ; il se souvint qu’il s’était fait passer pour fiancé, et qu’il devait lui montrer Bella à la kermesse. Il était très satisfait, se frottait les mains, et ne put s’empêcher d’en parler à Peau-d’Ours.

Cet incident acheva de faire croire à Cornélius qu’il était amoureux de Bella ; et il prit pour de l’amour la tendresse pour ainsi dire maternelle qu’elle lui avait montrée jusqu’alors ; il était tellement sûr de cet amour, qu’il ne se donna même pas la peine de regarder avec ses yeux scrutateurs quelle