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HUMOUR ET HUMORISTES

pourquoi Taine, Scherer et aussi M. Stapfer, ce professeur mécontent de son sort, se seraient-ils essayés à définir l’humour ?

— Et qu’en ont-ils dit ? ma mémoire s’affaiblit de jour en jour.

— Ils n’ont rien dit de tout à fait juste, rien non plus de tout à fait faux. L’humour semble à Taine quelque chose d’amer, d’acre et de sombre, qui naît sous le ciel froid des pays septentrionaux et convient seulement à l’esprit des Germains, comme la bière et l’eau-de-vie à leur palais. Scherer pense autrement : l’humoriste lui apparaît un bon garçon, plein d’illusions, qui croit au bien et, avec Leibnitz, que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles. M. Stapfer, au contraire, voit en lui un chevalier de la Triste-Figure, une manière de Beau Ténébreux, revenu de toutes les joies et de toutes les douleurs, un pessimiste, un désabusé… Mais M. Stapfer lui-même est un désabusé.

— Je n’aurais jamais imaginé qu’il pût y avoir sur l’humour des sentiments si dissemblables.