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HUMOUR ET HUMORISTES

tère rarement pénétré. Ils disaient encore que l’âme de M. Silvestre ressemblait à celle de ces gros moines paillards qui, jadis, dans les cabarets du pays latin, tripotaient les Margots, et que ses doigts lourds et boudinés pétrissaient avec trop d’obstination toutes les fanges. Ils ajoutaient que, loin de les faire rire, il les agaçait ou les ennuyait, car ils connaissaient tous ses procédés. Ils savaient que dans toute nouvelle il y aurait : 1o  un coucher ou un lever de soleil ; 2o  Une invocation à la nature, mère de l’amour ; 3o  une jeune femme très râblée et très roublarde ; 4o  un vieux monsieur, son mari, commerçant ou fonctionnaire, très faible ; 5o  un jeune homme, son amant, hardi, ferme, et d’un esprit fertile en ruses érotiques. Ils présumaient aussi que les pages seraient mal odorantes. D’aucuns même, pour avoir lu beaucoup en Sorbonne les conteurs du moyen âge, insinuaient que M. Silvestre les avait lus aussi, avec trop de soin. »

M. Crozier ici se recula un peu. Les têtes se penchaient, affligées ; les larmes augmentaient, les sanglots secouaient les poitrines, et comme