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HUMOUR ET HUMORISTES

n’est pas plus difficile que ça. » L’autre aimait mieux paraître épouvanté, atterré de son propre talent. Il remerciait le public en rougissant. Parodie charmante dont j’imagine que les vrais acrobates ne devaient pas être contents.

Voici un autre trait. Gugusse vient de mourir de frayeur ; tout pâle et raidi, il est étendu par terre dans son habit noir élimé. Son inconsolable ami, Bob, le clown, veut l’emporter sur une planche. Vous, sans doute, vous auriez pris Gugusse entre vos bras, sans répulsion, et vous l’auriez porté jusqu’à la planche, avec délicatesse. Bob déteste ce qui n’est pas compliqué. Il soulève le mort, le campe sur ses pieds, et, comme ce mort ainsi redressé chancelle, il le soutient d’une main, à la poitrine ; de l’autre il essaie de saisir la planche. Hélas ! elle est trop loin ! Bob ne peut lâcher le mort qui, sans lui, s’aplatira sur le sable ; il ne peut non plus atteindre la planche. Que faire ? Après quelques minutes cruelles d’indécision, il se décide à étendre son mort bien doucement sur le sable, puis à aller cher-