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L’HUMOUR

savoir pourquoi. Mais je hais ces messieurs qui rencontrent partout matière à raillerie et se croient, comme ils monopolisent l’ironie, très supérieurs au reste du genre humain. Je hais tous ceux sur les lèvres desquels fleurit un perpétuel sourire moqueur : ils déroutent mon âme tranquille de vieux savant et l’intimident. Si je les fréquentais, je ne saurais comment me conduire avec eux, car je les sentirais toujours m’observant pour me tourner en ridicule… Remarquez cependant que vous vous écartez étrangement du but que vous vous étiez proposé. Vous me faisiez espérer que vous me définiriez l’humour, et nous voilà partis en guerre contre des écrivains, innocents peut-être, absents à coup sûr.

— J’y arrive : l’humour est, tout bonnement, une manière de voir la vie et de la juger. Je n’appelle pas humoriste l’écrivain qui se plaît à rire, à se moquer, qui écrit des blagues et trouve des mots et s’en tient là. L’humoriste est avant tout un réaliste : pas d’humour sans le sens de la vie réelle, sans un contact incessant avec elle. L’humour ne