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L’HUMOUR

— Donc, si je vous ai bien compris, observation, souci constant du réel, puis raillerie, tels sont les deux éléments de l’humour.

— Mon vieil ami, je vous donnerai un bon point, et pour vous récompenser mieux encore, j’illustrerai ce principe par un illustre exemple.

Prenez Dickens : voilà l’humoriste de génie. Nul moins que lui n’a pu se détacher de la réalité : il en est le peintre exact et minutieux. Ses personnages, longuement décrits, sont composés de mille détails, toujours caractéristiques. Il ne leur fait grâce d’aucun de ces gestes, d’aucun de ces mots qui éclairent soudain un caractère. Il ne les abandonne pas une minute, même les plus infimes, ceux qui jouent un rôle simplement épisodique ; il les suit dans les moindres actes de leur existence, car il veut nous donner d’eux, une vision à jamais persistante. Et ces détails que l’observation a choisis et accumulés, grâce à son extraordinaire imagination qui rêve vivantes jusqu’aux choses, ne restent pas des détails. Ils se groupent, s’unifient, constituent