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LES HUMORISTES FRANÇAIS

— Le quod decet latin, remarquai-je avec orgueil.

— Parfaitement. Ils ont une très rare qualité, ils ont du goût. Ennemis de toute exagération, ils aiment les paroles et les gestes mesurés. L’emphase, la redondance, la grandiloquence, le lyrisme soufflé et boursouflé les épouvantent. Ils détestent ainsi que moi les esthètes chevelus et sales, et les rapins dont les pantalons affectent près des chevilles des allures de colichemarde. Ils méprisent les snobismes et les petits triomphes de chapelle. Ils se moquent enfin de ce qui ne reste pas naturel, tout comme le sévère Boileau. Ce sont des honnêtes gens au sens du dix-septième siècle ; ils savent qu’il faut ne se piquer de rien, et nos meilleurs écrivains, vous vous en souvenez, eurent à honneur de se montrer dignes de ce titre. »

Je n’attendais point de mon vieil ami de tels éloges ; un léger étonnement se marqua sur mon visage, et, pour qu’il oubliât de le voir, j’applaudis avec douceur. Un sourire bonhomme plissa ses lèvres, cependant.