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HUMOUR ET HUMORISTES

simple, des conséquences rigoureuses, bien que tout à fait imprévues. Il régissait en maître absolu le royaume de l’absurde avec les lois de la raison, et, semblable à Spinoza, tenait pour réels tous les possibles ; mais, plus habile que le sévère philosophe, il parvenait à faire partager sa croyance, et ceux qui le lisaient admettaient comme vrais tous ses récits, même ceux qui n’offraient pas la moindre vraisemblance.

Il acquit ainsi de la célébrité : un grand journal quotidien se l’attacha comme collaborateur et les écrits du temps témoignent amplement du succès de ses contes. Un académicien d’alors, complètement ignoré aujourd’hui, lui reconnaissait un entrain extraordinaire dans la raillerie à froid, poussée avec une flegmatique persistance jusqu’aux sommets les plus élevés de la bouffonnerie. Francisque Sarcey, le fameux critique dont on vient de publier en cinquante-six volumes les feuilletons dramatiques, faillit mourir de rire pour avoir entendu un de ses calembours. Jules Lemaître lui-même, ce sage doublé d’un