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LE BEAU JARDIN

Congrès catholique de 1905, à Strasbourg. Un vieux prêtre de Kœnigsberg monta à la tribune et, sur un ton humoristique, raconta qu’il ne voyait pas Strasbourg pour la première fois, car, aumônier de l’armée prussienne, il avait assisté au bombardement de 1870 et était entré dans la ville avec les troupes victorieuses, « Aujourd’hui, ajoutait-il jovialement je reconquiers Strasbourg pour la seconde fois. »

En même temps que l’Alsacien se découvrait, pour les mœurs, si différent de l’Allemand, il se découvrait aussi différent sur le terrain politique. L’Allemand respecte instinctivement l’autorité ; ses chefs, préfets, officiers, sont en quelque sorte encore féodaux, exerçant leur pouvoir avec le mépris d’un suzerain pour ses serfs ; il y a encore des castes en Allemagne. L’Allemand, en général, accepte avec une soumission facile ce vieux régime, ravi, dès qu’il a une pareille autorité, de la faire durement sentir à ses subordonnés. L’Alsacien, lui, est démocrate : il