Page:Acker - Petites Confessions, sér1, éd3.djvu/152

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me serais déshonoré, et, le cœur dilaté de joie et de tranquillité, j’entendis sa réponse.

— De retour à Paris, je trouvai un peu attiédies les amitiés que j’y avais laissées ; je partis en Angleterre, où je m’étais marié. C’est dans un voyage en France que je vis la première exposition des impressionnistes : ce fut une révélation. L’art qu’enseignaient les Écoles n’était que faux et convenu, celui-là seul était un art de vérité. Mon admiration, tout d’abord, alla à Degas. Chose curieuse : Bastien-Lepage aura été sans utilité pour moi. C’est alors que j’exposai ce portrait de Mme R. J... qui souleva tant de protestations ; il éloigna pour longtemps de moi des femmes que j’aurais été heureux de peindre, et qui refusaient en s’écriant : « Mais nous ne saurons même pas de quelle couleur il nous fera ! »

Mélancolique une seconde, sans que j’en puisse deviner la secrète raison, M. Besnard se tut et ce regret rapide que j’imaginai m’attrista. J’essayai de l’effacer : j’abandonnai, un instant, le peintre de portraits, et je louai le décorateur éblouissant, si habile aux effets de lumières contrariées, si riche de couleurs, et je rappelai la Maladie et la Convalescence, le diptyque du vestibule de l’École de pharmacie ; Paris, le fragment destiné à la mairie du IVe arrondissement ; le Soir et la Vie, panneau pour la salle des mariages de la mairie du Ier. Déjà, je me félicitais de ma mémoire, quand M. Besnard m’interrompit :

— Vous oubliez, dit-il, la décoration de l’Hôtel