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CES DAMES AUX CHAPEAUX VERTS

globe-trotter pendant dix ans. Fatigué, rompu, il a fini par regagner son premier pigeonnier…

— Pauvre homme !

— J’espère pouvoir le cueillir sur son perchoir… Au revoir, cher monsieur, je suis enchantée de vous connaître…

— Et moi, je suis ravi, mademoiselle…

Elle lui tend la main pour une poignée franche, à l’anglaise. Il la regarde en souriant.

— Pourquoi me regardez-vous ?

— Parce que vous n’allez pas partir ainsi…

— Comment ?

— Vous n’allez pas partir sans m’avoir donné des billets de tombola.

— Ah ! oui, c’est vrai… Mais vous n’y tenez pas… Je m’en voudrais d’insister… Vous m’avez reçue si aimablement.

— Au contraire… J’en désire quelques-uns…

— C’est au profit des pauvres !

— Ce serait au profit des charcutiers divorcés ou des généraux arthritiques que ce serait absolument la même chose… Du moment que c’est vous qui offrez, je ne puis qu’accepter… Voici deux cents francs pour mon père et pour moi…

— Oh ! c’est trop !

— Non… non…

— Que je vous marque !… Fleurville s’écrit F… l… e… fleur, comme une fleur ?

— Oui… Et ville… comme une ville !

— Le tirage de la tombola aura lieu dans six semaines au cours d’une matinée artistique. Je vous enverrai une invitation…

— Je me ferai un plaisir d’y assister…

— Au revoir, monsieur…

— Au revoir, mademoiselle…

Arlette est à peine dans la rue qu’elle se sent incapable d’aller aujourd’hui chez M. Hyacinthe. Pour dire à ce dernier tout ce qu’elle veut lui laisser entendre, il importe qu’elle ait les idées absolument nettes. Elle les avait tantôt. Elle ne les a plus maintenant. Son esprit est brouillé. Est-ce le ton primesautier de sa conversation avec Jacques de Fleurville ? est-ce l’amabilité du